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Au pays de l'apartheid, par Michaël Bar Zvi


Au lendemain de la fête célébrant la liberté du peuple juif, en zappant furtivement avec la télécommande de ma télé je tombe sur les élucubrations d'un soi-disant commentateur politique qui, au détour d'une phrase, nous assène de manière péremptoire: "Israël, pays de l'apartheid". Personne ne bouge, tant les choses semblent évidentes pour les autres participants à ce débat. Après trois heures de lecture de la Haggada, nous détaillant l'esclavage et la sortie d'Egypte, ce genre de propos ne vous aide pas à digérer vos matzot. Le lendemain du seder, l'équipe de football de ce "pays de l'apartheid" jouait en Irlande avec son meneur de jeu Natcho, joueur d'origine circassienne né à Kfar Kama, et deux joueurs arabes qui ne boycottaient même pas l'hymne national Hatikva. 


Samedi dernier, la finale de l'édition israélienne de l'émission de variétés "The Voice" était remportée par Lina Mahoul, une étudiante arabe du Technion de Haïfa, autre grande institution bien connue pour sa politique de ségrégation ethnique. Trois semaines plus tôt, un jury composé de racistes notoires avait élu une Miss Israël noire, d'origine éthiopienne, Titi Aynaw, jeune fille de 21 ans, arrivée à l'âge de 12 ans en Israël, qui a accompli deux ans de service militaire et obtenu un grade d'officier. Mais il y a pire, quand on sait que ce "pays de l'apartheid" a nommé en juin 2012, un ambassadeur d'origine druze, le professeur Naïm Araïdi, pour le représenter à Oslo. Il est d'ailleurs secondé sur place dans ses fonctions par un ministre plénipotentiaire, George Deek, arabe chrétien originaire de Jaffa. Une quinzaine de députés de la nouvelle Knesset appartiennent à la minorité non-juive de ce "pays de l'apartheid". Dans la précédente Knesset, le vice-président était un député d'origine éthiopienne et auparavant il y eut aussi des vice-présidents arabes. Malgré l'interdiction des services de sécurité de se rendre dans la Sinaï, en raison des risques d'enlèvement et d'attentats, un citoyen israélien, arabe originaire de Nazareth, a été kidnappé il y a quelques jours par des Bédouins avec sa compagne de nationalité norvégienne, et il ne me semble pas avoir vu la moindre différence dans la manière de gérer cette affaire par les autorités israéliennes parce qu'il s'agissait d'un non-juif. La cellule de crise du ministère des affaires étrangères a mis en œuvre tous les moyens à sa disposition pour libérer ces deux personnes, qui sont revenues saines et sauves après cinq jours de détention. Rappelons enfin que l'apartheid est, historiquement, un régime politique qui a pour but de séparer les populations et les institutions qui les administrent. La critique de la politique israélienne est légitime et les citoyens de cette démocratie sont les premiers à user de la liberté d'expression dont ils jouissent, mais la qualifier d'apartheid est une absurdité historique et politique. Je n'oserai affirmer que le terme est attribué improprement, car je crains que l'on m'accuse de pratiquer de manière intempestive et discriminatoire une forme d'hygiène verbale.

Moadim Le Simkha
Michaël Bar-Zvi  Yod Zain Be Nissan   5773

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